Aux portes de Lourdes

Les vins de Madiran

Le Madiran : vignoble de caractère

Au nord de Lourdes, à cheval entre trois départements, se cultive depuis des temps immémoriaux la vigne. C’est à la croisée du Gers, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques que se trouvent les racines du Madiran. Un caractère bien trempé dans une robe de velours rouge, allons à la découverte de l’un de nos vins rouges du Sud-Ouest les plus emblématiques.

Histoire et terroir

Qui est arrivé en premier : l’œuf ou la poule ? Le village de Madiran ou le vin Madiran ? Sûrement un peu des deux : si la culture de la vigne et le vin sont connus depuis l’Antiquité dans cette portion du Sud-Ouest, on retrouve aussi des traces écrites d’un village de Madiran dès l’époque gallo-romaine. Mais c’est en 1030 avec l’installation des moines bénédictins dans le tout nouveau prieuré dédié à Sainte Marie de Madiran que l’impulsion est donnée.
Dans cette région vallonnée au climat baigné par plusieurs influences notamment celles de l’Atlantique et des Pyrénées et avec des sols variés (sédimentaire, argilo calcaire, galets etc.), la vigne y trouve tout le nécessaire pour produire des grappes en quantité. Les chauds étés gascons permettent aux fruits de mûrir à point pour les concentrer en sucres et tanins. Cette profusion et sa capacité à être conservé longtemps ont fait du Madiran l’un des premiers vins français à être exporté dans toute l’Europe et outre-Atlantique. Il servait également à enrichir les vins de Bordeaux et était apprécié des pèlerins sur les chemins de St Jacques de Compostelle. Aujourd’hui, le petit village de caractère de Madiran, situé dans les Hautes-Pyrénées, est le cœur de l’appellation.

“Du XVI au XVIIIe siècle, les vins de Madiran connaissent un âge d’or : François 1er en parle comme « un vin de Seigneur qui vieillit fort bien » et Henri IV le fait découvrir à ses hôtes français et étrangers les plus prestigieux dans son Château de Pau.”

Cave coopérative de Crouseilles

Les cépages

Sur ces vallons du piémont pyrénéen, le cépage roi est un raisin aux grains d’un rouge sombre, presque noir, le tannat. Autochtone, il est né sur ce territoire et y a trouvé son équilibre : il s’y adapte parfaitement tant aux sols qu’au climat, y exprimant toute sa typicité. Mais son caractère quelque peu capricieux rend sa culture délicate : sensible aux maladies et avec une fermentation parfois compliquée, le tannat s’apprivoise plus qu’il ne se cultive.
Ce cépage rustique s’adoucit toutefois au contact d’autres grappes avec lesquels les mariages sont heureux : le cabernet franc et le cabernet sauvignon, qui sont aussi bien connus sur les terres voisines du Saint Mont et du Tursan, le complètent et l’enrichissent.

La vinification

Après toute une saison sous le soleil, les vents et les pluies du Sud, arrive le temps des vendanges. Un moment dans l’année traditionnellement chargé en travail où tous les bras sont les bienvenus pour aider à la récolte mais aussi synonyme de fête dans les familles et domaines. Généralement, le début des vendanges se fait en septembre mais dépend de la maturité du raisin : il faut le juste équilibre en sucres, acidité et maturité des tanins. Le tannat étant généreux, une première vendange est effectuée à la fin de l’été, “en vert”, alors que les couleurs de l’automne ne sont pas encore là. Cette première récolte permet d’éclaircir les rangs et de laisser la place aux grappes qui ne sont pas encore assez développées. Il faut aussi être méticuleux : le grain de tannat, à la peau fine et gorgé de pulpe, peut facilement éclater entre les doigts s’il n’est pas manié avec douceur.
Un fois le précieux nectar pressé, il est vieilli au minimum 1 an pour bénéficier de l’Appellation d’Origine Contrôlée. Obtenue en 1948, cette appellation regroupe 145 vignerons : 45 vignerons sont indépendants et 100 viticulteurs sont regroupés au sein de deux coopératives.
Si le viticulteur travaille exclusivement dans les vignes, le vigneron, lui, connaît aussi bien le grand air que les chais, les caveaux et les salons vinicoles.
Dans la fraîcheur des chais, le Madiran va continuer à évoluer tout au long de son élevage en fûts. Le bois utilisé pour ces derniers va d’ailleurs en influencer les arômes allant de notes de fruits noirs comme la mûre, le cassis ou la cerise et jusqu’à la noix de coco !

Des accords parfaits

Le Madiran se marie parfaitement aux produits locaux du Sud-Ouest. Ses arômes puissants révèlent les saveurs du magret de canard, du Noir de Bigorre, des pruneaux au lard, du chorizo ou des gibiers.
Là où il créé la surprise c’est quand il est dégusté avec un tajine d’agneau ou un curry indien… délicieux !